L'espace de liberté que nous a apporté Internet est-il en train de se refermer ? Faut-il censurer tous les propos non conformes aux règles établies ? Les discours aseptisés ont tendance à devenir partout les seuls autorisés. Ainsi la modernité serait-elle porteuse de la mort de la pensée ?
L'intention des créateurs de l'Internet n'était pas de réglementer la communication mais au contraire de la rendre plus facile, de faire obstacle au silence et de permettre de nouveaux échanges de savoir.
Dans un monde où la normalité est la règle, quelle place reste-t-il pour le rêve, l'étrange ou le décalage ? A-t-on encore le droit de penser autrement ? Le vrai combat de ce XXIème siècle est peut être là. Défendre le droit à la différence, le droit de se tromper, de se révolter, de refuser de compter ou encore de ne rien faire. Le droit d'être fou, d'être faible, d'être vieux ou d'être laid. Pour nous, professionnellement, plus modestement, le droit de soigner.
Toutes les procédures ou les bilans comptables du monde ne recèlent pas la plus petite parcelle d'humanité que l'on trouve dans le regard d'un enfant ou d'un vieillard. Cette humanité reste notre bien le plus précieux. Il faut la défendre, sinon que deviendront ceux que nous marginalisons à force de vouloir enfermer la réalité dans un moule toujours plus étroit ? Et si nous-mêmes sommes un jour rejetés par ce moule ?
L'ADIPH permettra toujours à ses membres de s'exprimer, même si c'est pour dire des bétises (la preuve). L'essentiel est que nous respections pour tous ce droit à l'opinion de l'autre. Le droit de ne pas être normalisé.
Jacques Trévidic