Internet est devenu incontournable. A la fois, règne de l'image et de l'émotion (celui de l'hémisphère droit) où tout doit tenir en un écran ; il est également, et de façon un peu paradoxale, redevenu le domaine de l'écrit, (celui de l'hémisphère gauche) avec le développement des tchatches sur de multiples forums et les tchatcheurs redécouvrent, via Internet, la grammaire, la construction d'une phrase, la concision de la pensée…
" La parole obéit à l'inspiration, l'écriture à la réflexion " (Louis Lavelle)
Ce " zapping " entre les deux hémisphères, personne ne l'avait prévu et Marshall Mac Luhan qui interprétait les évènements de mai 68 comme la revanche de l'image sur " la galaxie Gutenberg " ne nous préparait pas à cette synthèse…
Mais, en réalité, Internet n'existe pas par lui-même. Ce n'est qu'un moyen d'accéder à des bibliothèques électroniques, des documents officiels, des outils de travail librement créés…
A chacun alors de se monter sélectif et de ne pas manquer d'esprit critique.
C'est pourquoi, pour trier le bon grain de l'ivraie, nous devons disposer de sources de données indépendantes de tout lobbying et non soumises à des impératifs de rentabilité comptable ou financière, seule garante de la pertinence scientifique de l'information recueillie, chose particulièrement indispensable à l'heure de la sécurisation du circuit du médicament et la prévention de toute iatrogénie…
Un pharmacien hospitalier peut-il travailler de façon isolée ? Sûrement pas ! C'est pourquoi la mise en commun de nos expériences, nos problèmes, nos échecs…et nos rêves est indispensable. C'est à chacun, via ADIPH, via aussi toutes nos organisations professionnelles de le faire. Il y va de l'avenir de notre profession à se serrer les coudes et manifester notre solidarité.
Gardons notre fraîcheur, voire notre naïveté (en ce centième anniversaire de la naissance de Hergé, cela n'est pas interdit) mais surtout notre esprit critique et ce conseil (ironique) de Figaro :
" On me dit qu'il s'est établi dans Madrid un système de liberté sur la vente des productions, qui s'étend même à celles de la presse ; et que pourvu que je ne parle en mes écrits ni de l'autorité, ni du culte, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place, ni des corps en crédit, ni de l'Opéra, ni des autres spectacles, ni de personne qui tienne à quelque chose, je puis imprimer librement, sous l'inspection de deux ou trois censeurs. Pour profiter de cette douce liberté, j'annonce un écrit périodique, et, croyant n'aller sur les brisées d'aucun autre, je le nomme Journal inutile. Pou-ou ! Je vois s'élever contre moi mille pauvres diables à la feuille ; on me supprime, et me voilà derechef sans emploi ! "
Dominique PIETTRE
4 janvier 2007